Aux fondements du LIEN

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Lors de l’université d’été de Toulouse du GFEN (2000), la décision de créer un réseau international de l’Éducation nouvelle avait été prise. 

Des représentants des groupes d’Éducation nouvelle belge, romand, valdôtains, et bien sûr français posèrent, le dernier jour de l’université, les premières pierres de ce réseau et prirent la décision de se retrouver ultérieurement pour travailler à la mise en place et au fondement de cette liaison internationale. Ce groupe prit le nom de CILEN (Comité international de liaison de l’Éducation nouvelle). Et l’organisation de la première rencontre du CILEN fut confiée au Groupe romand d’éducation nouvelle (GREN). C’est ainsi que se retrouvèrent réunis à St Cergue les 24 et 25 novembre 2001, des représentants de Belgique, de France et de Suisse. …

 

Rencontre de St Cergue
24 et 25 novembre 2001

 FONDATION DU LIEN

I. Du CILEN au LIEN : la première pierre a été posée à Toulouse

 

arton5-63c1bLors de l’université d’été de Toulouse du GFEN (2000), la décision de créer un réseau international de l’Éducation nouvelle avait été prise. Des représentants des groupes d’Éducation nouvelle belge, romand, valdôtains, et bien sûr français posèrent, le dernier jour de l’université, les premières pierres de ce réseau et prirent la décision de se retrouver ultérieurement pour travailler à la mise en place et au fondement de cette liaison internationale. Ce groupe prit le nom de CILEN (Comité international de liaison de l’Éducation nouvelle).

 

arton29-7f6b0L’organisation de la première rencontre du CILEN fut confiée au Groupe romand d’éducation nouvelle (GREN). C’est ainsi que se retrouvèrent réunis à St Cergue les 24 et 25 novembre 2001, des représentants de Belgique, de France et de Suisse. Le groupe valdôtain, privé du tunnel du Mont Blanc n’ayant pas pu, à son grand regret, traverser
les Alpes pour venir nous rejoindre !
Relevons d’emblée que le groupe russe d’éducation nouvelle, comme les différents militants d’autres pays ayant travaillé avec le GFEN étaient dans la tête de tous et durant tout le week-end car fondateurs eux aussi, par le simple fait d’exister, du futur réseau. Ainsi ce réseau international a été initié concrètement à Toulouse… Est-ce un hasard ? L’idée était certes en germe depuis plusieurs universités d’été du GFEN où des membres de divers pays se croisaient, échangeaient, rêvaient de liens nouveaux… Mais, disons-le, “ça s’est passé à Toulouse”. Et qui sait si les véritables déclencheurs n’ont pas été les moments les plus informels de notre université, quand les militants de l’éducation nouvelle ont croisé d’autres regards, hors de tout lieu institutionnel : ceux des peintres aux tableaux vendus aux enchères ou ceux, si amicaux, si chaleureux aussi, des personnes ayant partagé avec nous un repas de rue inoubliable, mélangeant couscous, chocolat, langues, saucissons, fromages, accents, vins.
Le tout brassé au rythme de chants valdôtains mettant la “chaloupe” à l’eau à la française ! Une chaloupe embarquant tout le monde. Ou encore quand des musiciens venus d’ailleurs nous ont embarqués dans leur désir d’harmonie à partir de leur culture et expériences propres. Qui sait ?
Qui sait ce qui a permis vraiment qu’on ne se quitte pas à Toulouse sans être certains de se revoir pour créer ce fameux réseau, qui un an et demi plus tard, à St Cergue en Suisse, allait devenir le LIEN ?_

 

 II. St Cergue à travers le dispositif de travail

Vendredi soir
Prise de possession du lieu par les premiers arrivés : une très rustique colo de vacances carougeoise en pays vaudois. Des dortoirs aux lits qui craquent. Des couvertures usées. Et l’assiette commune de viande séchée qui réunit les premiers arrivants. Belges, français et suisses sont déjà représentés.

Samedi
Accueil des participants par le GREN. Mise au travail rapide.
Sont présents :
Belgique : Eugènie (Charles Pépinster arrivera le dimanche).
France : Odette Bassis, Yves Béal, Colette Charlet, Jean-Pierre, Joëlle Cordesse, Jean-Louis Cordonnier, Michel Ducom, Anny Gleyroux Ducom, Frédérique Maïaux, Gérard Medioni, Maria-Alice Medioni, Michel Neumayer, Odette Neumayer, Francis Tiedrez. Excusé : Jean Perbet.
Suisse : Corinne Artopoeus, Danielle Bonneton, Nicole Bordier, Jean-Marc Richard, Maurice Unternaehrer, Etiennette Vellas, Joël Vellas. Excusée : Andreea Capitanescu.
Reflet de Porto Alegre
Prise de paroles-reflets par Odette Bassis, Joëlle Cordesse et Colette Charlet (trois des cinq représentantes du GFEN ayant fait le voyage au Brésil sont à St Cergue !).

Pourquoi créer le LIEN ? (Atelier plaquette).

Première mission  : Chaque participant explicite trois points essentiels qui lui permettent de nommer ses raisons d’être là et ce qu’il pense pouvoir apporter. Chacun donne un titre à son texte et une explication de ce titre. Il indique l’heure de son écriture (pour voir l’évolution de sa pensée au cours du week-end).

Deuxième mission : lecture des textes déposés sur les tables. Ajouts, sur ces textes, des écrits de chacun. Ecrits-échos, écrits-questionnements interpellent, argumentent ou contre-argumentent les premières idées émises.

Troisième mission  : Brouillon de classement. Il s’agit d’un moment de tri collectif. Chacun reçoit un paquet de textes à classer et se confronte du même coup à la pensée de tous, comme… à la complexité de notre objet.

Quatrième mission :
Défricher deux champs par un travail réalisé en deux groupes :
1) Rencontres internationales et mise en réseau.
2) Travail à partir des productions de l’atelier plaquette pour en sortir les grandes lignes.
Dimanche
Comment créer le LIEN ?
Les participants, à partir du défrichage des sous-groupes et des synthèses réalisées la veille se répartissent trois chantiers :
1) Qui sommes-nous, comment s’organiser ?
2) Rencontres internationales.
3) Site internet.

Premières décisons, premières options.
Une dernière partie collective permet de synthétiser les avancées de chaque groupe et de prendre les premières décisions et options avant de se quitter (voir les propositions concrètes mise en tableau par Joël Vellas dans ce numéro).

 III. St Cergue en quelques points forts

1. Un souffle venu de Porte Alegre
L’air de Porto Alegre a flotté dans l’atmosphère de travail durant tout le week-end.
Nous est revenu de cette rencontre, grâce à nos collègues françaises y ayant participé activement, un fort enthousiasme :

  • Le pari que le GFEN a su être porteur à Porto Alegre de l’exigence de l’engagement militant dans l’éducation.
  • Le sentiment d’une ouverture à tous les possibles, qui comprend un engagement perçu de la part des participants à lutter, par l’éducation, contre la guerre et l’inégalité. Une volonté qui rappelle évidemment celle des pionniers de l’éducation nouvelle.
  • Un espoir de rencontres de formes nouvelles entre des associations nombreuses et diverses (ex. “le mouvement des paysans sans terre” du Brésil et le GFEN travaillant à tisser des liens entre leurs pratiques).
  • Un constat qui légitime notre travail, nos pratiques : la force de la démarche d’auto-socio-construction comme pratique de valeurs éducatives, pratique du débat, de construction de savoir, de co-transformation, de recherche en commun. La démarche a bousculé, dans les têtes de Porto Alegre, l’idée d’une science seule puissante à poser correctement la problématique de l’éducation (entendre ici l’appel fait d’abord aux chercheurs des sciences de l’éducation par les organisateurs).
  • Une question forte pour cette époque : si les démarches d’auto-socio-construction ont été très pertinentes sur place, comment trouver un moyen aussi fort pour nous adresser, dans un temps très court, à une foule qui ne parle pas notre langue ? Dit autrement : comment, en de telles circonstances, sortir de la pratique du discours et du discours traduit ? Faut-il d’ailleurs en sortir ou (re)penser ce discours ? Discourir seul pour qu’il y ait auto-socio-construction
    d’une pensée mise en débat, est-ce possible ? Si oui comment ? Henri Bassis avait écrit un texte fort sur le cours ex-cathedra capable de mettre chacun dans le coup d’une construction….
    Nous avons à travailler cette question de la foule à aborder dans un temps court… _D’où le projet suivant :
  • Un projet fou mais raisonnable : si nous voulons inventer un grand mouvement planétaire avec ceux de Porto Alegre (“tout existe pour que cela existe” a noté Frédérique dans son “PV- minutes”), nous avons à découvrir, à créer des pratiques d’auto-socio-construction à grande échelle, inventer des espaces neufs de travail, de réflexion et de construction collective de savoirs et d’idées.
  • Toute une problématique autour de la communication est à construire :
    à Porto Alegre, les seules propositions entendues allaient dans le sens de se débrouiller avec la francophonie ou parler espéranto. Il nous faut réfléchir — et c’est déjà bien amorcé au GFEN dans les secteurs langues —, à d’autres propositions. Penser comment créer une communication polyglotte (qui ne soit évidemment ni folklorique ni pseudo-communication) ?

Les photos de Porto Alegre et le texte du GFEN placé sur la Une du site de Porto Alegre, valorisé parce que reconnu comme texte collectif, sont restés affichés sur le mur de pierres de notre salle de travail à St Cergue durant tout le week-end. Avec d’autres textes du GFEN directement en lien avec Porte-Alegre. Ces documents ont complété les interventions de nos collègues. Le tout a permis à chacun de partager l’émotion éprouvée au Brésil par les cinq déléguées du GFEN. N’avons-nous pas, alors, tous éprouvé un sentiment d’espoir mais aussi de fierté et de reconnaissance en prenant conscience de ce qui s’est joué là-bas à travers
l’action sur place de nos collègues. Qu’en soit ici remercié le GFEN, sans oublié néanmoins, sa longue histoire nous permettant à tous de retrouver nos racines dans cette aventure. Et ainsi de mieux comprendre le chemin déjà parcouru… comme celui qui reste à parcourir. Ensemble.
Cette contextualisation de la création du LIEN dans le projet de Porto Alegre a mis en évidence qu’il va falloir prendre notre place dans le réseau de Porto Alegre. Il ne s’agit évidemment pas pour nous de créer, à travers le LIEN, un “contre Porto Alegre” (qui a la particularité de pointer les différences Nord-Sud), ni de nous fondre dans le mouvement. Nous aurons à nous positionner comme réseau particulier dans ce réseau plus large. Et pointer ce qui, historiquement, constitue nos ressemblances.

 2. Créer le LIEN : pourquoi et comment ?

Les idées présentées ci-dessous ont été émises à partir de l’atelier plaquette et du travail réalisé en sous-groupes durant les deux jours.
Nous proposons de revenir ultérieurement à ce puits d’idées émergées de ce travail. Durant l’université d’été de Bordeaux, lors de sa journée internationale peut-être. Probablement aussi dans d’autres numéros du LIEN. Il y a en germes dans ce brassage d’idées premières, de nombreuses pistes de problématiques, de réflexions, d’actions, d’interpellations pour le LIEN et chacun de nous. Aucune de ces premières idées n’a été perdue. Elles ont toutes été stockées, grâce au travail de Maurice Unternaehrer, en un seul document informatisé.

Retenons, pour l’heure, quelques réflexions nées de cet atelier et menées dans les groupes de travail.
Elles sont ici regroupées sous

  • A) Quelques postulats.
  • B) Quelques principes fondateurs à travailler.
  • C) Quelques chantiers à ouvrir sur le pan conceptuel.
  • D) Quelques chantiers à ouvrir sur le plan pratique, technique, organisationnel.

A) Quelques postulats (ré)affirmés et acquis de notre histoire :

· Le champ du LIEN n’est pas limité à l’école parce que le champ de l’Éducation nouvelle — qui inclut l’école—est infiniment plus large.
· Le champ d’action et de réflexion du LIEN se situe dans l’articulation du politique, de la recherche et de l’action en éducation, à travers des projets locaux et internationaux. Ces différents axes interagissant entre eux de manière dialectique.
· Le LIEN travaille la question de l’éducation et de la culture comme problèmes actuels aussi importants que les problèmes économiques. La question de l’Éducation nouvelle est reprise comme “urgence de civilisation”.
· A l’intérieur du LIEN, les acteurs sont prêts à travailler, à partir de leurs acquis, à des praxis et savoirs nouveaux et qui ne sont pas ceux de leurs cultures.

 

B) Quelques principes fondateurs à travailler, à vérifier, à compléter, à modifier

· Le LIEN est fondé sur l’échange. Il y a nécessité de réfléchir sur ce que “donner”, “rendre”, “recevoir” veut dire. Réfléchir aussi sur “comment” pratiquer ces actions pour que l’ échange, créé à travers l’existence du LIEN, produise du débat mais aussi de l’énergie, du désir, de l’émotion, de la confiance.
· Le LIEN n’est pas une ONG, une organisation humanitaire. Sa place est dans la bataille d’idées.
· Le LIEN devrait permettre une mutualisation de ce qui se fait ici et là (fonctionnements, terrains d’expériences, réflexions, actions, savoirs, savoir-faire des différents lieux).
· Le LIEN devrait permettre — en s’appuyant sur les différences, les ressemblances, la parité, l’égalité — de faire connaître les valeurs et les pratiques de l’Éducation nouvelle.
· LE LIEN devrait militer pour une pensée complexe, décloisonnée de l’éducation (dire le danger d’une pensée unique).

 

C) Quelques chantiers à ouvrir sur le plan conceptuel :

· La problématique du “nous”. Qui est le “nous” du LIEN ? Est-ce déjà pouvoir penser que les autres sont nous, et que nous sommes les autres… La problématique de l’Éducation nouvelle est à (re) définir dans ce cadre.
La conscience des dangers d’une pensée unique de l’Éducation nouvelle a été présente tout le week-end. C’est la raison qui nous a fait renoncer rapidement à écrire un texte “d’orientation” commun… Chaque groupe est vu, pour l’heure du moins, comme devant continuer à s’appuyer sur ses propres textes d’orientation qui fondent sa propre communauté de recherche et d’action (des groupes peuvent avoir le même texte d’orientation évidemment).
Nous avons néanmoins pris conscience de la nécessité de nous donner un “texte fondateur” commun, qui puisse permettre aux différents groupes et à chacun de se retrouver dans ce réseau, de savoir pourquoi il en fait partie, ce qu’il y fabrique, ce qu’il peut en attendre. Nous avons parlé de “charte”, parce que la charte rassemble, permet d’être perméable à l’autre sans perdre son âme. Ce texte demeure à écrire.
Ce débat autour de “qui sommes-nous ?” montre bien que l’identité du réseau “LIEN” est à construire (ce qui nous a sans cesse ramené au désir de mieux connaître l’histoire nationale, internationale et commune de l’Éducation nouvelle). Nous avons éprouvé une impression ambiguë face à cette question de réseau à créer : celle de créer quelque chose qui à la fois a déjà existé, existe encore, existe déjà (l’Éducation nouvelle a déjà une dimension internationale historique et actuelle). et qui pourtant n’existe pas encore. C’est ce “ce qui n’existe pas encore” qui est à questionner, problématiser, mieux comprendre, définir pour pouvoir vérifier —et certainement confirmer— la pertinence de cette mise en relation. Ceci
nous a amené au point suivant.

· Faire un travail de nature historique semble s’imposer. Pour travailler notre identité. Mais aussi parce que l’histoire de l’éducation nouvelle demeure à faire. Qu’a apporté de décisif le Mouvement de l’Éducation nouvelle ? Que peut-il faire aujourd’hui ? Quel avenir a-t-il ?
Retrouver les traces du passé, repérer nos filiations (sans en faire des idoles !), analyser notre présent, prospecter notre futur (clarifier, complexifier les formes des débats à prévoir) nous semble aujourd’hui autant de démarches à entreprendre.
Cette recherche, pensée ici pour mieux nous connaître et nous reconnaître, pourrait, de plus, représenter un travail fort utile pour la recherche en et sur l’éducation en général. Le champ de l’Éducation nouvelle est si complexe, si sensible, peut-être ses acteurs si susceptibles… qu’il est resté jusqu’à aujourd’hui une sorte d’objet “intouchable”. Intouché en profondeur, il a été mal touché en surface ! L’objet est aujourd’hui un objet méconnu, mal connu, voire inconnu de
nombreux champs éducatifs comme de tout citoyen.
Sommes-nous les mieux placés pour faire cette histoire ? C’est bien possible face à tant de choses enfouies dans l’oubli, peut-être perdues à jamais. Le Mouvement de l’Education nouvelle a besoin d’être analysé dans toutes ses dimensions et de lieux multiples. Le LIEN nous semble pouvoir être un lieu idéal pour travailler à ce chantier qui ne peut être qu’international. A condition que nous sachions tisser esprit critique et respect face à l’aventure de l’Education nouvelle. Qui a dit que nous n’en serions pas capables ? !

· Réfléchir à la nature, à la spécificité, à la particularité des savoirs que nous produisons. Travailler surtout nos savoirs qui ne paraissent pas en être. Leur lien avec la création, l’imaginaire, l’écriture…

· La problématique de l’“international” (“international”, le “i” de LIEN) : le chantier est à ouvrir sur le concept lui-même.
International ne devrait pas vouloir dire interdépendance. Cela entendu, quels types de liens voulons-nous construire ? Nous ne souhaitons pas établir des liens entre nations. Les vraies frontières à dépasser ne sont pas nationales. Certains pays, même si ils parlent la même langue sont parfois fort éloignés sur le plan culturel.
L’international paraît parfois hors de portée. Sa simple évocation peut provoquer un repli sur le local. Penser l’international nous oblige à constater que nous sommes néanmoins d’un endroit. Il semble que nous devions accepter cette situation singulière pour pouvoir avancer, rencontrer les autres.
La dimension internationale, reliante, devra être portée au niveau symbolique, dans nos têtes, pour pouvoir exister au niveau local et à chaque instant.
Avec l’international, le rapport à l’autre, les différences culturelles, les langues porteuses d’autres visions du monde, les incompréhensions se mettent à sauter aux yeux. Tout devient plus apparent. La rencontre avec d’autres cultures nous confrontent à nos rapports à autrui les plus quotidiens. Comme nos rapports à nous-mêmes et au monde. Ces rencontres nous alertent sur nos identités, nos croyances, nos valeurs, nos pratiques singulières et communes.
Elles nous décillent en nous obligeant de nous décentrer. Ce phénomène peut provoquer des stratégies de fuite, un repli sur un local moins bousculant.

·La problématique de la langue est à aborder en finesse. Il nous faut poser le problème de manière neuve. Inventer. Personne ne sait aujourd’hui comme faire pour communiquer vraiment quand les personnes ne peuvent communiquer parce qu’elles ne parlent pas la même langue. Une fois le problème posé, nous pourrons faire des propositions politico-pratiques sur la question des langues comme question technique, politique, anthropologique.

· Le problème de l’éthique est posé lui aussi. On a parlé de vigilance politique, de
déontologie, d’éthique.

 

D) Quelques propositions et chantiers à ouvrir sur le plan pratique, technique, organisationnel :

 

  • Le groupe fondateur devrait pouvoir, pour une première période de création du LIEN, se retrouver deux fois l’an. Proposition est faite de confier pour deux ans la responsabilité à un des groupes nationaux. (voir décisions prises).
  • Réfléchir à la notion d’adhésion à ce mouvement international. On n’adhérerait pas au LIEN comme on adhère à un mouvement social ou pédagogique mais on entrerait dans un réseau mondial (qui doit être autre chose qu’une juxtaposition de réseaux nationaux.). Mais comment y adhérera-t-on ? Automatiquement parce le groupe national fait partie du réseau ou individuellement ? La question n’a pas été tranchée. Des statuts sont à prévoir.

 

· L’organisation du CLIMOPE (France) semble pouvoir être un modèle d’organisation pour le LIEN. En tous les cas, le souci de tous est d’éviter à tout prix une structure lourde, une organisation rigide. Il s’agit de penser plus “lien” qu’“organisation” à construire.
Peut-on essayer de penser ce lien comme une auto-socio-construction de la relation : pas de délégation, pas de fédération, mais autre chose. En étant attentifs à ne pas avoir une exigence de pratiques estampillées Éducation nouvelle, qui fait peur à l’extérieur de notre mouvement.
Ce dont nous avons besoin c’est d’un mouvement de mutualisation de la recherche et de la création en éducation nouvelle.
La première question à se poser est peut-être celle-ci : Comment réaliser des choses simples en commun : créer un site, échanger et faire connaître nos publications ? Il nous faut partir de ce que nous sommes, nous avons et relier ces acquis. C’est à partir de là que pourront avoir lieu de nouvelles constructions.

  • Les moyens économiques du LIEN sont à penser rapidement. Nous devons nous poser la question : Comment allons-nous faire financièrement ? (Cette question a déjà dû être tranchée provisoirement pour la première rencontre de St Cergue).
    Lister les lieux dans chaque pays où nous sommes reconnus, où nous pouvons obtenir des financements, des subventions est une première entreprise à conduire. Des financements collectifs relativement importants seront indispensables pour inviter les collègues de l’étranger à nos futures rencontres internationales. En 2003, au moins, la question se posera.
  • La qualité de la transmission de nos actions, informations, publications est à travailler (avec qui ? où ? comment ? pour qui ?). Nous avons vu que nous avons à inventer des stratégies nouvelles pour mieux informer et échanger. Nous allons devoir nous perfectionner aussi techniquement : les rencontres simultanées grâce aux visioconférences, la création,l’entretien et l’animation d’un site sont, par exemple, des moyens techniques actuels avec lesquels nous devrons jongler. Nous avons au niveau de la technique des compétences à construire rapidement.

· Quant aux rencontres réelles, les premières questions et interpellations ont surgi rapidement
: – Ces rencontres ne devraient pas prendre la forme de colloques, pas plus celle de séminaires mais devraient être des rencontres au sens premier du terme. Des rencontres pour un monde solidaire où les idées sont mises en débats.

  • Comment faire exister des rencontres simultanées (dans des régions, pays, divers) pour que le local devienne international ? Est née l’idée d’instituer dans tous les pays une journée d’action locale à dimension internationale. La date en a été fixée : le premier jour (ou premier week-end) du printemps (voir la proposition de Michel Ducom dans ce numéro quant à ce type de journée et la décision prise).
  • Comment préparer, de manière décentrée, des rencontres internationales ?
  • Qui inviter dans les rencontres internationales : des personnalités de nationalités différentes ? Proposées par qui ? Des groupes ?
    · Comment échanger concrètement ?
  • Comment échanger dans nos rencontres internationales, quand nous ne parlerons pas la même langue ?
  • Quel type de bulletin informatisé et tiré sur papier nous faut-il prévoir ? Un bulletin polyglotte ? Un bulletin traduit dans chaque pays ? Pour l’heure nous voyons un bulletin avec des textes provenant de partout et écrits dans les langues d’origine. C’est à l’usage que s’améliorera la communication… que nous verrons ce qui est jouable ou pas. Ce qui doit être traduit ou pas.
    Toujours à propos de notre travail en plusieurs langues comment faire avec les publications à mutualiser : nous pensons à un travail de lecture à réaliser sur les publications et un travail d’écriture de notes sur ces lectures à placer sur le site ou/et dans le bulletin. De même avons-nous probablement à nous atteler à inventer d’autres modes de rapports d’expérience.
    Toutes ces questions nous renvoie à une autre : faudra-t-il envisager la création d’un collectif polyglotte comme moyen de diffusion des idées, des pratiques, des savoirs ?
· La création d’un site nous est parue indispensable dès qu’a été pensé le LIEN.
Pourquoi un site ?
Pour rendre visible, accessible nos idées, nos pratiques, nos valeurs, nos expériences.
Pour nous donner une mémoire.
Pour pouvoir nous coordonner, nous informer rapidement
Pour nous permettre des actions, des réflexions décentralisées.
Pour diffuser nos productions, nos publications.
Pour assurer une suite active des actions.
Pour construire ensemble une éducation nouvelle.
Pour qui ?
Les sans terre au fond du Brésil et notre voisin.
Les enseignants lambda et les autres, les parents.
Nous. Nos membres. Les personnes participant à nos actions.
Nos partenaires.
Les chercheurs en et sur l’éducation.
Les butineurs, les grappilleurs.
Ceux qui nous aident financièrement.
Que mettre sur le site ?
Une page d’accueil simple montrant le réseau.
Notre histoire.
Des problématiques, des débats.
Des liens avec chaque site d’Éducation nouvelle (pays, régions, secteurs de recherche-action).
Des liens avec les groupes, les lieux avec lesquels nous travaillons.

 IV. Un nom qui rassemble… un sous-titre qui nous ressemble !

 

C’est en fin de réunion que le nom de Lien international de l’Éducation nouvelle (LIEN) a été proposé par Jean-Louis Cordonnier, adopté et applaudi par tous. (Nous avions d’abord pensé à un nom plus symbolique : Marco Polo, Magellan, Léonard de Vinci). Subtile trouvaille nous permettant tant de nous relier à nos prédécesseurs de la Ligue internationale de l’éducation nouvelle (LIEN aussi) que d’opérer la rupture nécessaire avec le concept de
ligue qui ne correspondait plus au projet actuel.
A été adjoint à notre nom, un sous-titre explicatif qui …nous ressemble tant :
Mouvement mondial et local de recherches et d’inventions d’utopies concrètes pour une éducation nouvelle dans tous les domaines de la vie.
Nous nous sommes ainsi quittés.avec un nom qui permet déjà au réseau d’exister. Et un sous-titre qui ne manque ni de souffle ni d’humour !
Le travail réalisé a été impressionnant, les décisions prises importantes (voir le tableau de synthèse de Joël Vellas), l’ambiance chaleureuse, la cuisine de Jean-Marc Richard généreuse…
De quoi nous réjouir très fort du futur en général et, en particulier, de nous retrouver dès cet été à l’université de Bordeaux, pour poursuivre cet immense chantier désormais ouvert à tous et à tous les possibles.

Etiennette Vellas
Synthèse réalisée à partir des travaux de prise de notes
et de compilation de
Frédérique Maïaux et Maurice Unternaehrer.

 

Remarque : “Les minutes de la rencontre du LIEN à St Cergue (Suisse)”, prise de notes (9 pages) de Frédérique Maïaux et les écrits de l’atelier plaquette (75 pages) mis sur fichier informatique par Maurice Unternaher sont à la disposition de tous. Ces deux documents sont en possession de chaque groupe national qui peut les communiquer par E. mail.

 

 Les journées internationales des actions locales
de l’éducation nouvelle

Ce qui se passe dans votre ville, dans votre quartier, dans votre secteur, dans votre groupe, peut devenir une journée internationale même si c’est tout petit, même si c’est très ambitieux.
Il suffit de la faire connaître à l’équipe d’organisation du LIEN (mandatée pour deux ans) à savoir le GREN qui le diffusera sur le site internet du LIEN et dans son bulletin (voir les coordonnées du GREN dans ce numéro).
Vous pouvez proposer des communications à d’autres groupes. Vous recevrez en retour des propositions de contacts : qui pourront s’établir dans votre manifestation grâce à des contacts téléphoniques, internet, web camera, visioconférence ou simples courriers préparatoires…
Ainsi vous ferez des “agorades” (“équinoxes”) internationales depuis chez vous ! Elles prépareront les rencontres internationales de l’été 2002 à Bordeaux qui elles-mêmes favoriseront ce LIEN nécessaire.

Proposition de Michel Ducom
lue et admise en fin de rencontre à St Cergue