Les pédagogies actives dans l’air du temps ( Parution du dossier N°2 de L’Éducateur- (SER – Syndicat des enseignants romands)

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Toute la force politique des pédagogies actives

(Edito d’Etiennette Vellas)
https://www.le-ser.ch/educateur

Comme un serpent de mer, alors que de nombreuses démocraties rongées de l’intérieur par des autoritaismes envahissent les institutions, les pédagogies actives reviennent à la surface. L’air du temps les rappelle quand nait cette caractéristique: le courage de dire non aux pratiques éducatives entravant l’activité nécessaire aux enfants pour se développer, apprendre, se former hu- main et citoyen. L’indignation, le refus, parfois la révolte, sont ainsi le plus souvent la source d’une pédagogie active se voulant émancipatrice.

L’état des lieux de l’actualité des pédagogies actives est aujourd’hui partiel, vu la difficulté même de définir ces pédagogies. Mais des recherches sur les pédagogies actives, alternatives et le mouvement de l’Éducation Nouvelle offrent déjà de bons panoramas et grilles de lecture1. Toutes relèvent la difficulté de transmettre une pédagogie active globale. Car il s’agit toujours en faisant apprendre autrement, d’apprendre finalement autre chose. Mais quoi exactement ?

Face à de nouvelles pédagogies alternatives parfois peu claires sur leurs projets de société ; face à des reprises partielles de pédagogies qui servent à contresens les projets de leur origine ; face à une marchandisation des pédagogies actives, notre dossier revient sur deux priorités à travailler pour que ces pédagogies gardent leur force politique: leur archivage et leurs finalités à déclarer.

Notre premier volet : La pédagogie institutionnelle

La pédagogie institutionnelle dans le miroir du temps*, montre le souci d’universitaires de soigner l’archivage de traces de pédagogies actives repérées comme étant dignes d’intérêt pour l’histoire, mais aussi notre présent et le futur de l’éducation. C’est une galaxie à explorer ! L’exemple vient de Genève avec des archives concernant la pédagogie institutionnelle.

Le second volet : L’Éducation Nouvelle manifeste

« L’Éducation Nouvelle manifeste », est consacré à l’engagement politique inclus dans les pédagogies actives. Ici celui de huit mouvements de l’Éducation Nouvelle qui, sur la base d’un manifeste écrit pendant un an par des centaines de militant·es, cherchent à mettre en réseau international dynamique les groupes qui se reconnaissent dans leur mouvement centenaire. On déplie ici leur Manifeste pour comprendre les valeurs qu’ils mettent en œuvre et le monde pour lequel ils travaillent. On saisit l’occasion de faire part de quelques manières de diffuser leurs idées. Avant de laisser la place à un témoignage de la résistance que doit affronter, au- jourd’hui comme hier, toute personne pratiquant une pédagogie active réellement émancipatrice. •

1 Dominique Grootaers et Francis Tilman, (2022). Les pédagogies actives en héritage. Pour éduquer aujourd’hui. Éd. Chronique Sociale.
Yves Reuter. (2021). Comprendre les pratiques et pédagogies différentes. Éd. Berger-Levrault.
Sylvain Wagnon. (2020). Les pédagogies alternatives. Éd. Hatiers.
2 Clin d’œil à l’ouvrage de Daniel Hameline. (2002). L’éducation dans le miroir du temps. Éd. Loisirs et Pédagogie.

 

Le sommaire

 

Quelques extraits

Le journal des enfants

Philippe Meirieu est un enseignant à la retraite. Il est passionné de pédagogie.  Il est interviewé par les jeunes reporters : Abdessalam Asbai, Aziza Al Cheikh, Boubacar Barry, Aicha Diallo, Mariama Diallo, Mohamed Niya

La rencontre avec Philippe

Philippe: Qu’est-ce qui vous a donné envie de venir ici faire votre travail de journaliste?
Abdessalam: C’est intéressant, on a des équipements, des appareils photo, un enregistreur, un cahier pour noter.

Philippe: Quelles sont vos questions?

Mariama: Qu’est-ce que vous faites dans la vie?

Philippe: J’ai été très longtemps enseignant, instituteur, professeur. Maintenant je suis en retraite, pensionné dit-on ici, et je m’occupe beaucoup de former les enseignants, et aussi je suis dans un mouvement qui s’appelle les Céméa, qui est très partie prenante de cette biennale, un mouvement qui forme des animateurs, qui intervient dans des maisons de quartiers, et d’autres lieux pour faire de l’animation… Maintenant je suis bénévole, c’est-à-dire que ce n’est pas mon métier mais que je fais ces activités librement. Avant j’ai été enseignant en primaire, en secondaire et à l’université.

Lors de la Biennale de l’Éducation Nouvelle 2022, un groupe d’enfants de 1re et 2e du secondaire, qui fréquentent la maison de quartier du Maritime de Molenbeek sont venus en reporters une journée entière, pour réaliser un journal.
Ces jeunes bénéficient trois fois par semaine d’un sou- tien à leur scolarité, et se réunissent une fois par semaine pour des activités créatives et culturelles. La plupart fréquentent la maison depuis plusieurs années, pour l’école des devoirs, des activités temps libres et de plaines1 de vacances. Ils sont venus accompagnés d’une des animatrices qui avaient travaillé avec eux, quatre fois par semaine après l’école, quand ils étaient en 4e et 5e primaire. Elle les faisait beaucoup écrire. Comme elle le fit pour ce journal d’un jour dans lequel ils rendent compte des interviews qu’ils ont conduites avec des acteurs de cette Biennale, dont celle avec Philippe Meirieu.  Le projet a été élaboré par Natalie Rasson en collaboration avec Pascale Lassablière (GBEN).