Savoirs et rapport aux savoirs – Naissance d’une revue

Histoires singulières / Trajectoires / Récits d’émancipations
Linéarités, effractions et hold-up

Regards sur Sillons…

I – « Sillons… » est au cœur de deux réseaux »

Produite par un collectif d’acteurs de terrain proches des actions d’éducation, de formation sociale et solidaire de l’association Le Sel de la vie  SILLONS… collecte les récits et analyses d’autrices et auteurs qui partagent un même but : combattre les inégalités ; surmonter les obstacles qui, au quotidien, entravent le droit au partage des savoirs notamment; construire des liens entre plusieurs pôles : l’action de terrain (formation, sport, loisirs, solidarité), le partage d’expériences, le souci d’histoire, le travail de mémoire, mille et une forme d’émancipations.

L’Éducation Nouvelle qui traverse Sillons… traite, pour sa part, internationalement, de pratiques de classe, de formation, de travail dans la culture.

Ces deux courants, sur le terrain des savoirs et des cultures, questionnent à leur manière le champ de la transmission, la persistance dans les mentalités de multiples formes de domination, de colonialité[2], de neutralité idéologique, de masculinité. Ils se battent pour une épistémologie digne, une épistémologie de justice, aussi bien sur le plan des mentalités qu’au quotidien dans les lieux de formation et sur le plan des fonctionnements institutionnels.

Croiser Éducation populaire et Éducation nouvelle ?

L’Éducation populaire, dès le 19e siècle, a le souci de reconnaître, de conforter, de valider et archiver des savoirs d’expérience. De ceux, comme le dit Jacques Rancière, issus de La nuit des prolétaires[3]. Savoirs des classes dites « laborieuses », qu’ils se forgent à travers l’action de syndicats ouvriers dès le 19e siècle, de groupes gymniques (la Fédération sportive et gymnique du travail FSGT[4], par exemple), de différents patronages religieux et autres collectifs de citoyens encore. Ils n’ont, en partie, pas ou peu connu l’École de la République de Jules Ferry. Ils n’étaient guère informés à l’ambiguïté de cette institution qui affirmait former des hommes et des femmes au travail en usine autour de la maîtrise d’un rudimentaire « lire-écrire-compter », mais aussi de « trier » les sujets en capables / pas capables et de dégager in fine une « élite » qui dirigerait la Nation.

L’Éducation Nouvelle, dans les années 1920[5], est née du combat, aussi bien en France qu’en Angleterre et en Allemagne, d’éducateurs soucieux de ruiner l’esprit de guerre et de soumission que les écoles traditionnelles des différents pays entretenaient auprès des enfants comme des adultes. Ces éducateurs-là lui opposent la notion de culture de paix., non pas un simple pacifisme et refus des armes, si urgent pourtant, vu les millions de morts du premier conflit mondial du XXe siècle, mais une éducation en rupture, la déconstruction des multiples formes de soumission mentale et de docilité qui, aujourd’hui encore, hantent les esprits. Cela signifie pour elle un autre rapport à l’histoire et à la culture des peuples ; le refus du dogme de «l’obéissance aveugle à l’autorité » ; une éducation qui émancipe enfants et adultes ; la démocratie, non pas par les savoirs, mais dans le savoir ;  une forte inquiétude autour d’un humain de plus en plus prédateur de richesses naturelles, tenté par ce brutalisme[6] qu’évoque aujourd’hui Achille Mbembe et qui se joue aussi bien entre les continents, les sociétés humaines, le genre, les rapports de classe.

Lire l’édito

Edito vol1

 

Commander la revue 

https://sel-de-la-vie.org/revue-sillons/