Résister ! Nouvelles formations en Haïti (2025)

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Depuis 2014, l’année de sa fondation, IEPENH se donne l’habitude d’organiser des formations aux principales périodes de congé : congés carnavalesque, pascal, période estivale, la Toussaint et/ou la Noël.

Ces périodes nous sont donc devenues traditionnelles. Depuis ces 11 ans, jamais il n’y a eu une année où IEPENH ait raté l’occasion de tenir l’un de ces moments qui sont des espaces de découverte, de recherche, de partage et d’apprentissage coopératif. Il nous est déjà arrivé d’être à plusieurs reprises inquiet quand la réalisation d’une activité dont le temps de planification et de préparation est coïncidé avec des situations menaçantes (crises sociopolitiques, violences qui dominent les contextes). Dans ces cas, nos participant-es n’ont jamais opté pour l’annulation. À côté de l’engament que nous avons, leur appréciation de notre travail constitue une source motivation.

IEPENH a déjà travaillé à différents endroits du pays. Malheureusement, vu le contexte, nous ne pouvons plus aller dans les autres départements.

Nous continuons à agir aux Verrettes et dans ses zones avoisinantes et aux Gonaïves, chef-lieu du département de l’Artibonite. Pour cette période estivale, 235 participant-es de tous les cycles d’enseignement ont pris part au stage que nous avons offert sur Fondements et pratiques de l’Éducation Nouvelle dans la cité de l’indépendance. Ce séminaire a été une duplication de la formation qu’avaient suivie Dulia Philostin et Joël Saintiphat (deux membres d’IEPENH),  en prélude à la quatrième biennale de l’Éducation Nouvelle, organisée par Convergence  pour l’Éducation Nouvelle, à Nantes.

Au retour des Gonaïves, le stage de Verrettes a été organisé les 1er, 2 et 3 septembre. Une centaine d’enseignant-es y ont pris part. Avec émotions, les enseignant-es ont partagé leurs satisfactions: « Je n’ai pas encore travaillé en salle de classe, mais, pendant ces trois jours l’enseignement m’a pénétré. Un autre a fait la déclaration suivante : « Je suis les formations offertes par IEPENH depuis des années. Cette année, je voulais être là pour voir ce que IEPENH allait offrir comme formation et je trouve que c’est différent de ce qu’elle avait déjà donné. Chaque année, une nouveauté. Je suis une autre fois satisfait. Merci IEPENH. »Pour un troisième, » IEPENH est un patrimoine. Elle doit pouvoir continuer à former les enseignant-es de la communauté. »

Se rendre aux Gonaïves dans cette réalité nécessite d’énormes sacrifices. Mais l’accueil, l’appréciation des participant-es nous font oublier quelquefois l’ampleur des péripéties. À la veille de la première journée de formation, une participante nous a envoyé le message suivant: « De toutes mes forces et de toute mon âme, je le proclame : malgré vents et marées, l’IEPENH ne s’éteindra pas. Ce message est pour nous la preuve qu’un nouvel Haïti est possible, oui, elle est possible, surtout grâce à la solide formation que nous recevons. »

Aujourd’hui, la vie est trop banalisée. La mort est devenue trop ordinaire. Même la prudence n’a plus le même sens : comment se dire être prudent et se trouver en Haïti en ce moment ? Mais en dépit de tout, nous voulons continuer nos actions jusqu’à ce que ce ne soit plus possible. Car c’est notre moyen de résister, de nous soulager et même d’apporter aux autres un peu d’espoir qu’on n’a pas forcément. On fait ce qu’on peut dans une quête continuelle du mieux.

Nous ne cesserons pas d’exprimer nos gratitudes envers nos ami-es du LIEN et Eirene Suisse, qui soutient financièrement notre projet de formation d’enseignant-es.

Joël Saintiphat & Dulia Philostin