By Jean-Louis Cordonnier | Published | Aucun commentaire
L’article original avec plus de photos est ici sur le site des labos de Babel
Les photos ci-dessus ont été prises à Nairobi lors d’un stage que j’ai été invitée à animer en décembre 2008 sur les enjeux, les défis, les pratiques d’une pédagogie multilingue et de création pour renforcer l’équipe du GKEN (Groupe Kenyan d’éducation nouvelle) créée par John IYADI, Tom M’Boya, et notre très regrettée Betty Wamunga.
J’avais rencontré John Iyadi en janvier 2007 au Forum Social Mondial de Nairobi (Kenya). Il avait alors participé à deux ateliers que j’animais au titre du GFEN avec Jacqueline Vahé-Desgrouas, plasticienne et auteur de démarches en arts plastiques. D’abord « Le petit prince fait de la linguistique », notre première démarche “Pierre de Rosette”, ensuite « le portrait », démarche d’arts plastiques et d’écriture animée, pour l’occasion, avec des matériaux de fortune, terre rouge et brune du Kenya et papiers récupérés dans les rebuts et les poubelles du Forum. John avait été attiré par l’atelier multilingue : il était lui-même membre d’un réseau kenyan de radios locales en langues locales, fier de la richesse linguistique de son pays (42 langues !) et soucieux d’oeuvrer à sa préservation. Il avait perçu dans notre pratique pédagogique un enjeu assez important pour décider de mettre en route la constitution d’un groupe kenyan d’éducation nouvelle, dont le premier projet, baptisé « The Little Prince», était un centre d’accueil multilingue pour les enfants des rues. Le groupe avait imaginé créer un Centre d’accueil comme le font beaucoup d’ONG dans le pays, mais avec l’idée d ‘y faire vivre aux enfants, à travers des jeux et des activités de loisirs multilingues, un autre rapport à leur langue maternelle et à celles des autres, afin de développer une coopération entre personnes de tribus différentes et la construction d’un esprit national. Le projet ne s’est pas réalisé, faute de financements.
Les événements traumatiques de janvier 2008, connus sous le nom de violences post-électorales, furent à l’origine de la demande de stage conjoint GFEN-GKEN qui me fut faite. Le stage avait pour titre :
“Addressing challenges opportunities and demands for native languages in Africa – a Kenya perspective”.
L’objectif : lutter contre l’ethnicisation des conflits sociaux.
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Cinquante personnes ont participé à ces trois journées intensives de stage. Jeunes, hommes et femmes, de différentes tribus, Luos, Lhuyas, Kikuyus, Embus, Kambas, MaasaÏ, …
Le plus émouvant fut sans doute la découverte à la fois d’une envie de connaître ses origines, et d’un intérêt tout aussi vif pour les langues des autres, y compris d’ailleurs pour les langues européennes, que pour la sienne propre. L’échange en groupes « inter-tribus » autour des légendes anciennes, en révélant un fonds de mythes commun à tous, a fait se conscientiser une forte envie d’apprendre ou de réapprendre à se connaître et à s’entendre comme de vieux amis. . . et un même peuple.
Télécharger le texte de présentation du GKEN et de ses projets.