DIRE NON AUX GÉNOCIDES ET AUX GUERRES DANS LE MONDE: une lettre ouverte

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Ce texte a été écrit à plusieurs main, fruit d’un atelier d’écriture rassemblant des membres du LIEN de plusieurs pays : Liban, Haiti, Tunisie, Roumanie, Belgique, Suisse et France.

Gaza : Les cris de l’Éducation Nouvelle

Nous, militantes et militants de l’Éducation Nouvelle à travers le monde :

Pour éduquer à une culture de paix et lutter contre une culture de guerre, nous lançons cet appel au nom des recherches et actions qui depuis plus de 100 ans jalonnent notre histoire.

Jusque-là atones collectivement, parce que sidérés par la violence des images et des propos, étouffés par trop de peurs, d’hésitations, de prudence, de souffrances et d’indignations muettes, nous décidons d’écrire. Nommer l’indicible, l’inentendable, l’insoutenable. Guidés par le courage des pédagogues qui nous ont précédés, sans jamais cesser de  s’indigner, nous disons NON avec force.

Face à ce qui se passe à Gaza aujourd’hui, à la dévastation décidée par le gouvernement israélien d’une terre et d’une culture, notre peine et notre colère sont immenses. Qu’elles ne se taisent jamais face aux gouvernements criminels.

Sidérés par le silence qui étouffe les gazaouis, inquiets face à nos dirigeants absents sur la scène politique pour faire respecter le droit international qui condamne les actes génocidaires, nous questionnons l’avenir.

Nos métiers ne peuvent trouver leur sens que si nous crions NON aujourd’hui.

Partout, c’est le regard discriminant sur l’autre qui est attisé, aiguisé, nourri. L’Éducation Nouvelle  dit NON, et agit.

En tant qu’éducatrices et éducateurs, ces convictions nous animent :

  • Porter une éducation de vie, de dignité, de justice et de paix ;
  • Expliquer à nos enfants ce qui nous révolte, nous laisse  désemparés face à l’inconcevable, face à l’inacceptable ;
  • Dire oui à une éducation critique qui permet de nommer, distinguer avec rigueur les mots employés. Dans le but de pouvoir repérer les amalgames, les brouillages, les confusions de termes utilisés comme arme contre toutes celles et ceux qui dénoncent les crimes contre l’humanité ;
  • Tenter de comprendre l’autre, y compris dans son opacité ;
  • Grandir ensemble en tissant les cultures et les langues du monde, en comprenant que « l’autre » est notre allié essentiel ;
  • Se lever matin, pour continuer à défendre la paix, et toujours la paix.

Rien ne se construit sur l’humiliation. S’insurger est vital.

Notre humanité est en jeu :

  • La Palestine rayée de la carte ;
  • Le meurtre banalisé ;
  • La pratique de la punition collective infligée à tout un peuple ;
  • L’enfant, la mère, l’éducateur, le médecin, le journaliste devenus cibles ;
  • Les attaques contre les médias qui témoignent de la situation ;
  • La mise hors-jeu des organisations internationales qui ont pour mandat de nommer l’innommable ;
  • Le refus de considérer comme inaliénables pour tous les peuples le respect des Droits Humains ;
  • Les abus de pouvoir qui entravent la participation des autorités palestiniennes dans les espaces internationaux créés pour être des lieux de construction de paix.
  • La colonisation d’un peuple.

La société civile paye un tribut incommensurable : enfants tués, blessés, citoyens en proie à une famine déclarée et organisée, habitants condamnés au manque d’eau, aide médicale hors de portée, écoles et hôpitaux dévastés…

Ne détournons pas nos regards, ne soyons pas complices !

Sauver des vies commence par un cri qui résonne mondialement :

Comment dire à nos enfants que ce sont les hommes qui détruisent le monde ? Quel genre de personne diront-ils que nous étions ? Et quel monde diront-ils que nous voulions ?

Nous invitons, professionnels, familles, artistes, étudiants, volontaires, acteurs sociaux agissant dans l’école, le monde associatif, l’éducation populaire, d’où qu’ils soient, à rejoindre, partager et faire grandir ce NON.

Nous demandons que toute actrice et tout acteur de l’éducation et de la culture puisse assurer une éducation à la paix sans équivoque et sans menace.

Si nous n’agissons pas maintenant, oserons-nous, les enfants, vous regarder dans les yeux et nous prétendre encore éducatrices et éducateurs ?